les troubles alimentaires compulsifs

Les troubles alimentaires sont une sorte d’ adaptation fonctionnelle à une réalité, perçue comme ingérable.

"A toutes celles et ceux qui font dépendre leur valeur, leur confiance en elles et leur humeur, du chiffre indiqué sur leur balance le matin au réveil." Florence Bott

Les perturbations du comportement alimentaire représentent les efforts désespérés de certains individus pour résoudre ou pour masquer leurs problèmes intérieurs.

Nous avons tendance à suivre aveuglément des régimes amaigrissants diffusés par les médias, perdant ainsi rapidement quelques kilos superflus. Mais nous sommes rarement des vainqueurs de la balance.

Très souvent hélas, nous reprenons ce que nous avions si péniblement perdu. 

Ces tentatives infructueuses, ces échecs répétés finissent bien souvent par entamer le psychisme de l’individu.

L’obsession que le monde occidental a de la minceur, la condamnation de tout excédent de poids, qui es perçu comme indésirable et laid, peuvent être considérés comme une distorsion du concept social du corps, mais le fait est, qu’elles dominent actuellement la vie de tous les jours.


L'anorexie

« Il voudrait être rien d’autre que de la brume, pour que personne ne puisse le trouver. » Elias Canetti

Les sujets anorexiques ont une image altérée de leurs corps et de ses proportions ; leur perception ainsi que les valeurs qu’ils attribuent à l’apparence physique sont déformées. L’estime de soi est influencée par le poids et la silhouette de manière excessive. La perte de poids est envisagée comme une conquête extraordinaire, elle est l’indice d’une auto discipline inflexible. Les prises de poids sont considérées comme une perte de contrôle inacceptable.

L’anorexique est très cérébrale, elle réduit drastiquement son existence à une maîtrise intellectuelle, de manière à éloigner ses émotions et sa vie affective. « On ne s’aime pas et on ne veut pas être aimée. On  ne veut pas être touchée. »Chez les anorexiques mentales, il n’y a pas véritablement manque d’appétit et la faim persiste chez les malades affamés. Ils agissent comme si ils n’avaient pas d’appétit ; en réalité, la nourriture compte énormément pour eux, c’est même bien souvent la chose la plus importante. Ces malades apathiques et détachés de tout en apparence se réveillent lorsque la conversation tombe par hasard sur la nourriture, tant qu’on ne parle pas de leur nourriture à eux.

On a parlé des l’anorexie mentale comme d’un suicide à petites doses, alors qu’ils ne cherchent pas à mourir mais à contrôler leur vie et à trouver leur identité.

L' hyperactivité et les efforts faits par les malades pour parvenir à un accomplissement idéal, sont des aspects essentiels de l’anorexie.

L’une des premières conditions à réaliser pour se guérir d’une anorexie mentale, est de conceptualiser  de façon réaliste l’image du corps.

Il n’est pas rare que les malades qui ont été très obèses pendant longtemps, ne parviennent pas à se voir plus minces même après avoir perdu du poids ans des conditions considérables ; ils transportent avec eux, comme un fantôme, l’image de leur corpulence passée.

 

On peut dire que l’anorexie nerveuse, de par son existence, prouve que le mépris de soi-même n’est pas vraiment lié à l’obésité, mais à une insatisfaction profonde et intime.


la boulimie

Autorisez vous une chose, vous pourrez vous en passer ; refusez vous la, elle deviendra irrésistible .

Accomplir cette prouesse impossible de devenir un sujet tout en demeurant un objet… mais impossible n’est pas féminin. Avec cet engouement pour la minceur, la boulimie avait trouvé son alibi.

Un corps accordéon…

Mères toutes puissantes ou supposées telles, transmettant la honte profonde, le mépris de leur sexe et leur abnégation furieuse face aux hommes.

Pères, n’ayant eux-mêmes parfois que la violence ou l’absence pour dire les mots qui manquent.

Faire le grand saut, plonger dans la terreur ou l’inconnu, ce qui revient au même ; se retrouver à nager dans la mare aux angoisses, celles là même que nous avions  mis tant d’ardeur à fuir. Il y aura désormais tous ces blancs à écrire, ces sensations à reconnaître, ces souvenirs à rencontrer, ces émotions à sangloter ou hurler, ces colères à cracher, tous ces sentiments jusque là interdits de séjour, qui piétinaient patiemment au portillon de la conscience.

Boulimiques, étrangers à tout et surtout à eux-mêmes donc, contraints de s’aventurer dans un « dehors » terrifiant, y faisant aussitôt semblant, vite endosser le masque de clown triste, forcément gentils, charmants, soumis, voire fantaisistes, du moment qu’on plaît, ombres pâles mimant la vie.

Trois petits tours et puis s’enfuient rejoindre l’ogre familier.

Le corps sanglé de minceur, la tête dans les étoiles exsangues de l’entre-deux, à mi-chemin de la vie et de la mort, ne pas choisir surtout, rester en eaux stagnantes, religieusement prostré, loin des autres, hors d’atteinte, hors du temps, pour finir à genoux, une fin de journée pluvieuse ou ensoleillée, quelle importance, seul devant ses chiottes.

Florence Bott


La boulimie semble être l’expérience d’un vide effrayant. La psychiatre Colette Combe dit : « sa symptomatologie émerge d’un contexte tyrannique où le soucis de perfection est extrême. »

Une crise de boulimie est caractérisée par l’anomalie de la quantité de nourriture absorbée. Les sujets boulimiques ont la particularité de se sentir honteux de leurs habitudes alimentaires pathologiques et tentent de les cacher ; les crises se passent donc dans la solitude, aussi secrètement que possible.La répétition boulimique est une manière de ne laisser se développer ni la relation à soi-même, ni la relation à d’autres. Et de persécuteur, elle devient amie.

La crise de boulimie sert à ralentir le temps de la submersion d’une émotion. Elle sert de défense contre les émotions, contre la douleur et contre la terreur de toute proximité. La boulimie est une force de résistance. Les crises en série sont un moyen de se retrouver seule, surtout avec la clandestinité que cela suppose.

La méthode habituelle adoptée pour neutraliser les effets de la crise de boulimie est le vomissement provoqué, juste après la crise. Le vomissement amoindrit le sentiment d’inconfort physique aussi bien que la peur de prendre du poids. 

Dans certains cas, le vomissement constitue en soi l’effet désiré : la personne mange dans le seul but de vomir, ou bien vomit après avoir ingéré des petites quantités de nourriture. 

L’hyperphagie se caractérise par une prise alimentaire nettement plus rapide et plus  importante que la normale, il y a absorption d’une grande quantité d’aliments sans sensation physique de faim jusqu’à l’apparition de sensations gastriques inconfortables.

Ce repli, cet isolement dans la clandestinité de la crise boulimique ou anorexique va être une façon de se créer une enveloppe « où on se fait chaud » et qui protège d’un « objet vécu comme intoxicant ». Le vide et le plein sont en rapport avec la nécessité du repli et de l’isolement.


La sophrologie a l'ecoute des troubles alimentaires compulsifs

« Esclavage pour esclavage, il vaut mieux s’orienter vers celui de l’être, bien que cela n’aille pas sans un certain déchirement : il ne s’agit ni plus ni moins de se soustraire à la contagion du néant, au confort d’un vertige… » Emile Cioran

Selon sa propre expérience, Hilde Bruch a pu noter que les patients obèses et anorexiques semblent singulièrement peu sensibles à la psychanalyse traditionnelle. Cependant, cela ne les rend pas intraitables, ils ont besoin d’aide, à cause de leur manque de sens de l’autonomie, de leur image de soi et de leur conscience de soi perturbée.

C’est pourquoi, la sophrologie est une approche plus appropriée à leurs angoisses profondes.

L’accueil inconditionnel du sophrologue, sans jugements et sans analyse, leur permettra de se détacher de la relation « douloureuse » avec les parents qui sermonnent, conseillent, imposent leurs vérités, leur logique implacable. La personne se sent ainsi démunie de ses ressentis, de ses sensations, restant finalement dans l’état de dépendance et de léthargie dans lequel elle se complet déjà.

Le fait d’être écouté, au lieu que quelqu’un d’autre lui dise ce qu’il pense ou ressent, prend son importance dans le respect de sa propre contribution.

Le sujet peut appréhender ses propres facultés mentales qui jusque là lui faisaient défaut. Il apprend à compter sur son propre jugement, et devient plus réaliste dans  l’estimation de lui-même.

Pour des résultats, il est essentiel que la personne se sente partie prenante du processus thérapeutique. Si il y a des choses à découvrir, à interpréter, il est important qu’elle le découvre elle-même et qu’elle ait la possibilité de le dire en premier. C’est seulement ainsi qu’elles peuvent apprendre à découvrir des facultés peu ou pas développées, et devenir attentifs et sensibles à ce qui se passe en elles. Ce sont des étapes nécessaires au développement de leur autonomie, de leur esprit d’initiative, et de leur prise en charge d’elles-mêmes.

L’incapacité d’identifier correctement les sensations corporelles est une inaptitude spécifique des dérèglements de  la nutrition.

Les malades se cachent derrière les termes de « nutrition compulsive » ou « boulimie », et dans le simple questionnement du « où, quand, comment, pourquoi », ils découvrent les difficultés réelles ou fantasmées et les stress émotionnels dont ils étaient complètement inconscients.

Pour respecter le caractère unique de chaque personne, les protocoles de sophrologie doivent comporter un principe d’auto correction ; ils doivent donc prévoir la possibilité de différentes variantes. Un protocole n’est pas composé d’un ordre rigide d’interventions mais il laisse un espace de liberté destiné à rendre possibles des actions différentes en fonction des réponses de chaque individu.

La sophrologie supposera de proposer d’autres formes de solitude, de repli ou d’isolement au sens de donner la possibilité de se retrouver, et de se retrouver seule et sans contrainte.

La sophrologie permettra de mettre au jour les rapports de dysharmonie entre la relation à la nourriture et les mots.

Grâce aux outils de la sophrologie, nous apprenons à gérer les angoisses et le stress, se remplir avec sa respiration par exemple et utiliser le corps comme outil de bien-être.

La sophrologie va nous permettre de faire le lien entre le mental et les comportements que nous mettons en place, par la reconnexion à  notre corps.

La sophrologie va nous aider à vivre le moment présent et les petits plaisirs qu’il nous offre. Par des exercices d’activation des sens, nous allons redécouvrir les sensations de plaisir oubliées, autour d’aliments que nous ne nous autorisions plus.

Les tensions vont peu à peu se défaire, la confiance installée va nous amener un nouvel équilibre, nos objectifs vont prendre une autre dimension, en adéquation avec nos besoins, nos désirs et nos valeurs retrouvées.